Ma liberté s'arrête-t-elle là où commence celle des autres ?

Conférence de Thibault de Sallmard, professeur de philosophie, dans le cadre du cycle « 10 questions de philo »

La formule « ma liberté s’arrête où commence celle des autres » doit certainement avoir de grande qualité rhétorique pour être devenue si répandue alors même qu’elle ne brille pas par sa clarté. Un proverbe américain le dit déjà mieux, et avec plus d’humour : « votre liberté de donner des coups de poings s’arrête là où commence mon nez ». On identifie ici l’idée de l’article 4 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Sans doute est-ce ainsi qu’il faut comprendre la formule qui nous sert de sujet. Cet adage est désormais devenu un poncif auquel tout le monde adhère. Pourtant, une telle conception de la liberté n’a rien d’évidente. Ce qui va de soi, c’est qu’aucune société ne peut subsister sans interdire, d’une façon ou d’une autre, de faire du tort à autrui. En revanche, dire qu’il suffit de ne pas se voir interdire plus que ce qui est préjudiciable aux autres pour être libre est une idée qui est loin d’être évidente. Il s’agit d’ailleurs d’une idée relativement récente dans l’histoire (elle apparait au XVIIe siècle en Angleterre) et ne s’est pas diffusée partout dans le monde. Notre but sera de montrer comment nous autres Occidentaux en sommes venus à nous contenter d’une conception purement négative de la liberté (être libre c’est ne pas se voir interdire trop de choses) plutôt qu’à une conception plus exigeante : pour être libre, encore faut-il suivre sa raison plutôt que ses désirs, vouloir l’intérêt général plutôt que son intérêt égoïste, participer réellement à l’élaboration des lois plutôt que voter tous les cinq ans pour un chef d’Etat. Ce sera l’occasion pour nous d’expliquer ce qu’est le libéralisme politique.  

 

Lieu: Le Collège Supérieur Lyon - 17 rue Mazagran 69007 Lyon

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