Analyse de La Tempête : Où trouver la force de pardonner ?

Quelle philosophie extraire de l’œuvre de Shakespeare ? La miséricorde (« mercy ») semble être une clef de lecture. Dans ses trois derniers chefs-d’œuvre, le barde de Stratford invente un genre nouveau. Faisant un adieu définitif à la « revenge tragedy » élisabéthaine, il invente ce que nous prenons la liberté d’appeler la « mercy comedy » : « comédie de la miséricorde ».

Symbole d’une toute-puissance acquise par la magie contenue dans des livres, la tempête déclenchée par Prospero est souvent interprétée comme le symbole de la puissance créatrice et destructrice de la littérature : celle-ci n’est-elle pas capable de susciter puis anéantir tout un monde fictif à partir de quelques mots ? Mais, paradoxalement,  la victoire finale de la miséricorde sur l’esprit de vengeance ne s’obtiendra qu’au prix du renoncement à ce pouvoir livresque. Tout se passe donc comme si, parachevant le genre de la « mercy comedy » , le dramaturge reconnaissait devoir renoncer aux artifices de la fiction pour laisser place à la seule parole capable d’opérer un acte de charité authentique : la prière.

Chaque projection du vendredi soir sera analysée le jeudi soir suivant par Frédéric Crouslé et Michael Fodor.